Le harcèlement en ligne est un fléau qui prend de l’ampleur, notamment sous la forme du cyber harcèlement en meute. Ce phénomène consiste en l’envoi massif de messages haineux, sexistes ou discriminatoires par de nombreux internautes, souvent de façon concertée, créant un véritable climat de terreur pour les victimes. Zoom sur ce délit qui fait l’objet d’une répression judiciaire de plus en plus sévère.
Le cyber harcèlement en meute, un délit aux multiples visages
Le cyber harcèlement en meute, aussi appelé « raid numérique », se caractérise par l’envoi en masse de commentaires, mentions, montages photos/vidéos dénigrants voire menaçants, sur les réseaux sociaux ou forums. Même si chaque harceleur n’agit qu’une fois, c’est bien la répétition et l’accumulation des messages hostiles qui crée un contexte d’humiliation et de violence pour la cible. Les attaques visent souvent des personnes vulnérables et abordent des thèmes sexistes, homophobes ou racistes.
Par exemple, la journaliste Nadia Daam a subi un déferlement de messages haineux suite à une chronique évoquant un forum connu pour ses agissements sexistes et ses campagnes de harcèlement. Des vidéos parodiques, des montages pornographiques, des centaines de tweets agressifs : un véritable déchainement numérique visant à l’intimider et la faire taire.
Bon à savoir : Les cyber harceleurs utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle pour créer de faux contenus (deep fakes, bots…) afin de donner plus d’ampleur à leurs attaques et tromper l’opinion.
Un arsenal législatif renforcé pour lutter contre le cyber harcèlement en meute
Face à ce phénomène préoccupant, le code pénal a été modifié par la loi du 3 août 2018. L’article 222-33-2-2 punit désormais le cyber harcèlement en meute de 2 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende lorsque les faits sont commis par plusieurs personnes, même si chacune n’a agi qu’une seule fois. La prescription est de 6 ans. Des obligations de soins peuvent aussi être prononcées.
Cette loi responsabilise aussi les plateformes web (réseaux sociaux, forums, sites…) qui doivent mettre en place un dispositif de signalement des contenus illicites et conserver les données permettant l’identification des harceleurs. Le processus doit être facile d’accès, avec un traitement des signalements sous 24h. En cas de négligence, leur responsabilité peut être engagée.
Cyber harcèlement : Les bons réflexes à adopter
Si vous êtes victime de cyber harcèlement en meute, la priorité est de rassembler des preuves en faisant des captures d’écran horodatées des messages problématiques, avec les URLs. Contactez ensuite les hébergeurs (réseaux sociaux, forums…) pour demander la suppression des contenus, puis faites un signalement en ligne sur la plateforme Pharos.
Vous pouvez aussi porter plainte jusqu’à 6 ans après les faits, en fournissant le maximum de preuves. Des associations comme e-Enfance ou Nous Toutes proposent également un accompagnement juridique et psychologique précieux dans ces moments difficiles. N’hésitez pas à vous entourer de votre famille, vos amis, un avocat.
- Numéros et tchats d’écoute dédiés : 3018 (Net Écoute), 3020 (Non au Harcèlement)
- Guide pratique de la CNIL : « »Comment réagir face au cyber-harcèlement ? » »
- Coordonnées d’avocats spécialisés dans le cyber harcèlement sur le site Harcèlement-Pénal
A noter : Selon une étude de 2019, 20% des 18-24 ans déclarent avoir déjà été victimes de cyber harcèlement. Un chiffre préoccupant qui montre l’ampleur du phénomène, notamment chez les jeunes.
Des condamnations exemplaires pour endiguer le phénomène
Les juges prononcent des sanctions de plus en plus sévères en matière de cyber harcèlement en meute. En 2018, deux jeunes ont écopé de 6 mois de prison avec sursis et 2000€ d’amende pour avoir participé aux attaques contre Nadia Daam. Plus récemment, en septembre 2020, un Youtubeur a été condamné à 1 an ferme pour avoir incité ses fans à s’en prendre à d’autres vidéastes.
Ces condamnations envoient un message fort : le harcèlement numérique, même sous couvert de « blagues », est un délit grave. Les enquêteurs et magistrats sont plus que jamais mobilisés face à ce fléau, pour endiguer la haine en ligne et protéger les victimes. Mais le combat passe aussi par la prévention, l’éducation au numérique et la déconstruction des préjugés sexistes. Si le chemin est encore long, les langues se délient et la prise de conscience progresse.
Cyber harcèlement : comment prévenir les risques ?
Au-delà des recours légaux, il est essentiel de se protéger en amont du cyber harcèlement. Quelques conseils :
- Sécurisez vos comptes avec des mots de passe forts et la double authentification
- Paramétrez la confidentialité de vos publications, en choisissant qui peut voir vos contenus
- Restez vigilants avant de relayer une information ou de participer à un mouvement, pour ne pas devenir complice malgré vous
- Sensibilisez votre entourage, notamment les plus jeunes, aux risques du cyber harcèlement
N’oublions pas que derrière chaque pseudo se cache un être humain. Cultivons la bienveillance et le respect sur les réseaux, et mobilisons-nous contre la haine. Car le cyber harcèlement en meute, au-delà des victimes directes, menace la liberté d’expression et le débat démocratique. Un enjeu de taille qui nécessite un sursaut collectif !
L’essentiel à retenir
- Le cyber-harcèlement en meute consiste en un envoi massif et concerté de messages haineux visant à humilier une cible. C’est un délit passible de 2 ans de prison et 30 000€ d’amende depuis la loi de 2018.
- Si vous êtes victime, rassemblez des preuves (captures d’écran), signalez les contenus illicites aux hébergeurs et sur Pharos, et portez plainte. Des associations et avocats peuvent vous accompagner.
- Pour prévenir les risques, sécurisez vos comptes, paramétrez la confidentialité de vos publications et faites preuve de vigilance. La lutte contre le cyber-harcèlement passe aussi par l’éducation et la sensibilisation.